Evolution des effectifs de la Fonction publique – Interview de François Ecalle

Comme tous les ans, le président de l’association Finances publiques et économie (Fipeco), François Ecalle a établi un panorama de l’emploi public. S’appuyant sur les données de l’Insee et de la direction générale de la Fonction publique, l’ancien magistrat à la Cour des comptes revient pour Préfon.News sur les principales évolutions des dernières années.

14 mars 2023

Quel est l’état de l’emploi public à fin 2021 ?

À cette date, on compte environ 5,7 millions de personnes employées dans la Fonction publique, soit une augmentation d’à peu près 1 millions depuis 1997 selon les chiffres publiés par l’Insee en décembre 2022. Cela représente une hausse de 22% sur la période. Cette progression est supérieure à la croissance de la population française, qui s’établit à 13%, et un peu supérieure à l’emploi dans le secteur privé, qui a progressé de 17%. Cette évolution est toutefois différente sur les trois versants de la Fonction publique.

Quelles sont les évolutions selon le versant concerné ?

C’est l’emploi dans les collectivités territoriales qui a le plus progressé, s’établissant sur la période 1997-2021 à un peu plus de 500 000 personnes, soit une augmentation très forte. Il est à noter que cette augmentation n’est pas principalement liée au transfert de compétences suite à la loi de décentralisation de 2004. En moyenne, la croissance des effectifs se situe à +1,6% par an. Dans la fonction publique d’État, le phénomène est presque inverse. On constate peu de croissance des effectifs, avec seulement 150 000 personnes en plus sur la période, ce qui revient à une quasi-stabilité. Il est à noter que ce versant a connu un fort freinage entre 2007 et 2012 avec le non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite voulu par le gouvernement de l’époque. Quant à l’emploi hospitalier, il se situe à mi-chemin avec 300 000 emplois en plus. Il a connu une croissance plus importante entre 1999 et 2004 du fait des recrutements liés à la réduction du temps de travail dans les établissements de santé.

Comment expliquer ces évolutions différentes ?

Concernant l’État, il semble qu’il y ait une prise de conscience assez forte de la nécessité de réduire les déficits publics. D’autant que l’État est le garant de la dette que cela génère et qu’il est par ailleurs confronté à nos partenaires européens qu’interroge notre niveau d’endettement. En revanche, les collectivités territoriales ont connu une longue période de dynamisme de leurs ressources. Et beaucoup d’entre elles ont encore une situation financière tout à fait saine qui n’impliquait pas, jusqu’à présent, de modifications dans leur allocation desdites ressources. Toutefois, c’est en train de changer. On note ainsi que, depuis la baisse des dotations intervenue à partir de 2014, a été constatée pour la première fois, en 2015, une diminution des effectifs (-0,3%).

Au regard de ces données, quelles sont les évolutions qui se dessinent ?

Les collectivités territoriales, qui ont des ressources désormais plus contraintes – notamment au niveau communal du fait de la disparition de la taxe d’habitation –, vont devoir réaliser un certain nombre d’efforts sur leurs différentes dépenses, dont le recrutement et l’emploi. De plus, il va falloir qu’elles intègrent l’impact du dégel du point dans leurs projections. Du côté de la fonction publique hospitalière, les effectifs vont augmenter comme cela est prévu par le Ségur de la santé. Quant à l’État, et en l’état actuel du projet de loi de programmation des finances publiques 2023-2027 – pas encore adopté – les prévisions s’orientent plutôt vers une stabilité des effectifs même si les projections 2022-2023 ne semblent pas aller dans ce sens pour l’instant.

Par rapport à nos voisins européens, comment se situe la France ?

Il est assez compliqué d’effectuer un comparatif très précis, car la Fonction publique ne recouvre pas les mêmes emplois et/ou le même périmètre selon les pays. La façon de procéder consiste donc à agréger les données de l’emploi public avec les missions relevant de la comptabilité nationale (éducation, santé, etc.) afin de pouvoir établir une base de comparaison. Les données ainsi regroupées classent l’emploi public français avec 29% de l’emploi total en dessous des pays nordiques, la Suède étant à 34% par exemple. En revanche, nous sommes dans la moyenne européenne.

Retrouvez l’intégralité de la note de François Ecalle sur le site de Fipeco