Contractuels de la Fonction publique : une précarité qui s’installe
La Fonction publique emploie aujourd’hui plus d'un million de contractuels, une catégorie d'agents publics qui demeure vulnérable à des formes persistantes de précarité. Moins bien payés et sécurisés, avec des horizons de carrière et de retraite restreints, les contractuels représentent une nouvelle facette du service public.
1 juil. 2025

Une présence renforcée dans les trois versants
En 2022, la Fonction publique compte environ 1,26 million de contractuels, soit 22 % de l’ensemble des agents. La tendance est généralisée à tous les versants2.
Au sein de la Fonction publique d'État, ils constituent 43 % des effectifs, principalement dans les institutions publiques administratives et dans l'éducation nationale.
Au sein de la Fonction publique territoriale, on constate qu'ils représentent 36 %, et sont particulièrement actifs dans les domaines technique, administratif, d'animation et social.
Dans le secteur de la Fonction publique hospitalière, ils représentent 21%, principalement au sein des hôpitaux publics. Ce recours massif à des agents non titulaires traduit un besoin de flexibilité de la part des employeurs publics, mais pose aussi la question des conditions d’emploi offertes à ces agents, souvent recrutés sur des missions durables avec des contrats temporaires.
Des disparités salariales durables
Selon la direction générale de l’administration et de la fonction publique, tous versants confondus, un contractuel sous contrat reçoit en moyenne 2 014 € nets chaque mois en 2022. Ce salaire correspond à celui des employés de catégorie C, avec des écarts de 500 € en moyenne par rapport à la catégorie B, et de 1 000 € par rapport à la catégorie A. Par rapport aux fonctionnaires, seuls certains métiers en tension, donc des postes hautement spécialisés en compétition avec le secteur privé, offrent des salaires plus attrayants. Néanmoins, la règle demeure celle d'une progression salariale modeste, d'une évolution de carrière restreinte et d'une reconnaissance partielle de l'expérience professionnelle.
L’instabilité comme norme
Le caractère précaire de l'emploi se reflète également dans le type de contrats : 51% des employés sous contrat sont en CDD en 2022, avec une concentration particulièrement forte dans la fonction territoriale (68 %). Le profil standard est un agent âgé de 39 ans, donc 7 ans plus jeune que la moyenne des fonctionnaires, mais la pyramide des âges évolue et un sur quatre dépasse même aujourd’hui l'âge de 60 ans, signe qu’ils restent dans la Fonction publique malgré l'absence de titularisation. Cette évolution soulève des interrogations sur les perspectives à long terme pour ces agents, en particulier concernant leur retraite.
Des retraites fragmentées et faibles
Les contractuels ne cotisent pas au régime des fonctionnaires mais au régime général, avec un complément par l’IRCANTEC. Cependant, les carrières discontinues entraînent des droits considérablement bas. Selon un rapport de 20182, L'IRCANTEC verse une pension mensuelle moyenne de 114 €, qui varie considérablement selon le genre et la situation professionnelle : elle s'élève à 161 € pour les hommes, tandis qu'elle n'est que de 97 € pour les femmes. De plus, elle atteint 127 € pour les employés et ne dépasse pas 75 € pour les élus locaux. Uniquement un quart des employés sous contrat dépasse le seuil de 3 000 points IRCANTEC requis pour percevoir une retraite mensuelle et 36 % ont droit uniquement à un paiement annuel. Une génération entière d'agents se dirige vers une pension insuffisante en raison d'un statut plus précaire.
Vers une nouvelle politique contractuelle ?
Cette montée en puissance des contractuels dans la Fonction publique n’est pas sans conséquence. Bien qu'elle réponde à l'exigence de réactivité des administrations, elle suscite de nombreuses interrogations d'ordre social. L'objectif n'est pas nécessairement de revenir à une situation où tous les employés sont titulaires, mais plutôt de mieux structurer le recours aux non-titulaires : sécurisation des trajectoires professionnelles, harmonisation progressive des droits, clarification accrue des carrières.
Les initiatives de Préfon, en collaboration avec ses partenaires, ont pour objectif d'assurer un meilleur soutien à ces agents sur le long terme, notamment dans la planification de leur retraite. Car au-delà des chiffres, c’est la cohésion et l’attractivité du service public qui sont en jeu.