2022 : l’épargne des Français après la crise sanitaire

Tandis que l’épargne de précaution « covid », constituée avec la crise sanitaire et évaluée à plus de 175 milliards d’euros, n’a pas encore été consommée, les produits d’épargne financière connaissent des évolutions contrastées. Les cotisations en assurance-vie retrouvent leur niveau d’avant-crise, les PER sont en plein développement et le livret A, valeur refuge, frôle un record historique.

14 mars 2023

La sur-épargne covid n’a pas encore été consommée

La crise financière a eu des conséquences de long terme sur les comportements d’épargne des Français. En rendant l’avenir incertain, elle les a poussés à constituer une épargne de « précaution ». La Banque de France, dans une étude de mars 2022, estimait cette « sur-épargne covid » à 175 milliards d’euros cumulés entre 2020 et 2021. Même si ce niveau a pu diminuer (il était estimé à environ 150 milliards d’euros en septembre dernier), la désépargne n’a pas été massive ; elle n’a donc pas contribué de façon décisive à la reprise l’année passée. En flux de revenus, le taux d’épargne des Français n’est toujours pas redescendu à son niveau de 2019, sous l’effet d’incertitudes conjoncturelles toujours bien présentes, telles que l’inflation, le conflit en Ukraine, les marchés de l’énergie…

Des cotisations en assurance-vie portées par les unités de compte

Sur l’année 2022, les cotisations en assurance-vie retrouvent leur niveau d’avant la crise sanitaire après une année de rattrapage en 2021. Elles s’établissent à 144,4 milliards d’euros, en baisse de 3% par rapport à 2021, avec une collecte nette de +14,3 milliards d’euros. Les unités de compte (UC) jouent un rôle de plus en plus important, représentant 40% des cotisations. Les encours de l’ensemble des contrats d’assurance-vie s’élèvent ainsi à 1.842 milliards d’euros à la fin de l’année.

Des PER en fort développement

Les dernières données ouvertes relatives à la retraite supplémentaire facultative et l’épargne retraite partagées par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) début février font état d’un fort développement des Plans d’épargne retraite (PER). À la fin 2021, 19,9 milliards d’euros avaient été collectés sur l’année au titre de la retraite supplémentaire, soit une hausse de 23,7% en euros constants par rapport à fin 2020. Ce dynamisme était largement porté par les différents PER, qui représentaient plus de 55% de l’ensemble de la collecte de la retraite supplémentaire. Les cotisations au PER individuel concentraient 73% des versements effectués sur les produits individuels et près de 40% (8 milliards d’euros) du total des cotisations d’épargne-retraite. Les PER d’entreprise collectifs (PERECO) et PER d’entreprise obligatoires (PERO) comptaient quant à eux respectivement pour 11% et 5% du total des cotisations, à savoir 2,2 milliards et 970 millions d’euros.

En ce qui concerne les prestations versées au titre de la retraite supplémentaire, elles étaient évaluées à 7,6 milliards d’euros à la fin 2021, pour 2,6 millions de bénéficiaires dont 2,4 millions qui perçoivent des prestations sous la forme de rentes viagères.
De premiers chiffres pour l’année 2022 ont fait l’objet d’une publication par France Assureurs, qui recense 91% des encours des PER. La fédération a compté 1,3 million de nouveaux assurés et 18,7 milliards d’euros de versements, dont 8,8 milliards d’euros de cotisations et 9,9 milliards d’euros de transferts d’anciens contrats. La collecte nette des prestations s’élève donc à 7,4 milliards d’euros, tandis que les encours atteignent 48,4 milliards d’euros, dont 45% en UC.

Le retour du Livret A, refuge et record

Après deux relèvements du taux de rendement du Livret A, la valeur refuge que constitue ce livret a été largement plébiscitée. En effet, sur l’ensemble de l’année 2022, la collecte du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire s’élève à 33,5 milliards d’euros, portant l’encours total des deux produits à 509,7 milliards d’euros à la fin de l’année 2022. Le Livret A signe ainsi la deuxième meilleure année de son histoire selon les données de la Caisse des dépôts et consignations. Seule 2012 a fait mieux.